Fernandine est née dans une petite ferme à l'est de la Colline des Sentinelles, de père tavernier et de mère pêcheuse (et pas que de poissons), tant est si bien que la petite Fernandine dès l'âge de trois ans pouvait manipuler les Murlocs de la côte un peu plus loin, et leur faire arracher les yeux, ingrédients nécessaires à la préparation du fameux ragoût de la Marche de l'Ouest.
Ses parents connaissaient un succès plus que convenable, et il n'était pas rare de croiser chevaliers, magiciens, moines et rôdeurs dans la petite taverne que tenait son père en annexe de la ferme. Fernandine, toute petite ne se lassait pas d'entendre les histoires fabuleuses que lui contaient ces aventuriers au courage légendaire, du complot engagé par le terrible Maître des Défias, Edwin Van Cleef, pour démanteler l'organisation d'Hurlevent et son illustre Seigneur, à la rebellion qui se faisait sentir dans les cachots de la Capitale.
Dans sa tête bouillonnante, se cachait une envie irrésistible de rejoindre cette vie de combat, de justice et d'honneur ... Mais sa voie était tracée, pour une fille de commerçants, il fallait reprendre la petite entreprise familiale et faire son boudin de broche-tripe
Mais à l'âge de ses neufs ans, alors qu'un cortège royal était de passage dans la région, un homme grand et serein, vêtu de bleu et blanc, entouré d'une aura d'or entra dans la taverne et demanda un verre d'eau de source. Son père lui confia la tâche de lui amener ce qu'il demandait. L'homme se pencha alors sur sa petite personne, posa sa main sur ses cheveux noirs et lui sourit.
Quelques jours plus tard, elle se retrouvait entre les mains de cet étrange personnage, sans trop savoir pourquoi, abandonnant sa ferme et son avenir de tourtière. Il s'agissait du grand archevêque d'Hurlevent, conseiller spirituel du Roi qui avait vu en elle une aura particulièrement puissante et voulu l'amener vers le chemin de la foi et de la piété, ses parents n'avaient alors pas hésité une seule seconde, c'était un véritable honneur. Il lui enseigna la magie du sacré et ses plus intimes secrets, et insuffla en elle l'amour, la fraternité et l'assistance.
Il la baptisa Amity.
Huit ans plus tard, fin prête, Amity sillonna alors les chemins les plus dangereux dans le cadre d'une campagne d'évangélisation qu'avait organisé son Maître afin d'écarter les nouveaux orphelins de guerre du chemin du vol et de la traîtrise Défias. Mais elle reçut une terrible nouvelle, sa mère, alors qu'elle partait pêcher du Lutjan au bord de la côte fût agressée par un maître des flots Murloc qui en avait marre d'être dérangé pendant ses pauses déjeuner.
Amity, senti pour la première fois une vague de culpabilité s'emparer d'elle. Elle n'était plus là pour ses parents. Elle rentra à toute hâte dans sa vieille petite ferme et vit sa mère allongée sur le lit, prise d'effroyables convulsions. Amity la soigna et sa mère fût rétablie. Mais cet événement ne resta pas sans trace. Amity, rongée par la culpabilité passait ses soirées à errer dans les ruelles d'Hurlevent où elle vit pour la première fois les terribles injustices qui s'y passaient. Du garde aux moeurs légères qui exerçait son droit de cuissage plus que de raison sur les jeunes citadines au passage à tabac d'honnêtes paysans qui n'avaient plus les moyens d'honorer les taxes royales, notre prêtresse commençait doucement à s'assombrir. Son âme errante, elle perdait peu à peu croyance et foi. Son coeur pris la couleur de sa chevelure. La nuit obscure avait emparé son esprit et elle devint une prêtresse redoutable.
Sur les champs de bataille, la peur se lisait sur les visages ennemis à chaque fois qu'ils tentaient de s'approcher de cette terrible enchanteresse imprégnée d'aura malfaisante. Son âme noire s'insinuait dans les coeurs les plus purs pour les précipiter dans le néant distordu.
Mais un beau jour, alors qu'Amity s'adonnait à son loisir préféré qui était de contrôler l'esprit d'une jeune femme et créer la zizanie dans son couple, elle rencontra un jeune paladin qui avait fière allure. Il lui rappelait son Maître. Grand, beau, et saint. Et il s'approcha.
Le chevalier descendit de sa monture et pour la première fois depuis ses neufs ans, un homme posa sa main sur ses cheveux et lui sourit. Le coeur libéré, son âme bénie, Amity lui rendit son sourire.